Machiavel 2.0 : quand le pouvoir se joue dans les étoiles

Et si Machiavel avait écrit Le Prince dans une galaxie lointaine, très lointaine ? C’est le pari audacieux qu’Olivier Morin et Guillaume Tremblay ont relevé avec leur nouvelle création au Théâtre Denise-Pelletier. Revisitant ce classique fondateur de la pensée politique, ils transposent la réflexion sur le pouvoir et la manipulation dans un univers rétro-futuriste où costumes et décors s’inspirent de la vision du futur des années 80, avec des clins d’œil assumés à Star Wars et Star Trek

On se retrouve donc au cœur d’une époque tumultueuse où les grandes corporations ont pris le relais des monarchies.

Une pièce captivante et futuriste qui illumine les planches du Théâtre Denise-Pelletier.

Le Prince de Machiavel
OLIVIER MORIN et
GUILLAUME TREMBLAY
du THÉÂTRE DU FUTUR

Mise en contexte : Un univers dystopique post-Google

Nous sommes au IVe siècle de l’ère post-Google. Les humains possédant une carte Costco ou un chalet ont fui la Terre pour l’espace et pris place à bord des Globotrons, d’imposants vaisseaux-entreprises. Véritables travailleurs-citoyens de ces conglomérats corporatifs, les humains sont désormais considérés comme des « associés ».

À la mort de son père, le prince héritier de l’empire Médicis se retrouve à la tête de l’entreprise familiale. À peine couronné, son règne est menacé : Nicole, PDG de Dollarama, débarque sur Médicis pour l’acheter. Son objectif ? Devenir actionnaire majoritaire de la galaxie et asseoir son pouvoir sur tous ses habitants.

S’ensuit un tourbillon de complots, trahisons, assassinats, mensonges, mariages arrangés et manipulations. Chaque camp tente de tirer son épingle du jeu à travers des plans d’« marde ». Jusqu’où la lutte pour le pouvoir les amènera-t-elle? La fin justifie-t-elle toujours les moyens?

Une satire mordante aux résonances contemporaines

Cette adaptation loufoque explore les thèmes abordés dans l’ouvrage de Machiavel : la nature du pouvoir, l’art de gouverner, la guerre et la stabilité, la fortune et la vertu. Elle s’inspire aussi de l’actualité et multiplie les clins d’œil à des faits historiques ainsi qu’à des références populaires.

Des personnages hauts en couleur

Les personnages, finement écrits, incarnent diverses facettes du pouvoir et de l’ambition.

  • Le prince, simple d’esprit et influençable, est incapable d’agir seul.
  • Lorenzo, un homme de pouvoir qui, même après sa mort, cherche à contrôler.
  • Catalina, gouvernante insécure en quête d’approbation et fidèle à Lorenzo, se retrouve entre deux mondes : l’élite et les associés.
  • Nicole, souveraine des grandes puissances mondiales, ne désire qu’une chose : dominer l’univers.
  • Mike, quant à lui, n’est pas intéressé par le pouvoir, mais par le contrôle.
  • Enfin, l’Humaine, qui n’a rien demandé et vivait très bien avant leur arrivée.

Derrière son humour absurde, la pièce met en lumière des jeux de pouvoir qui résonnent étrangement avec notre réalité.
Cette dynamique rappelle étrangement les dernières élections américaines, avec Trump, Musk et l’implication des grandes corporations comme Amazon et Facebook. J’irais même jusqu’à dire qu’il existe des parallèles avec le conflit israélo-palestinien.

À l’époque du Cégep, Le Prince était l’un de mes livres préférés, notamment pour son idée clé : « La fin justifie les moyens ». Un concept toujours d’actualité, particulièrement en cette période marquée par les récents événements politiques.

Le Prince de Machiavel,
Moppy, Catalina, Le Prince et Mike

Un hommage à Star Wars

Olivier et Guillaume ne cachent clairement pas leur admiration pour la saga Star Wars. Elles sont brillamment incorporées dans la pièce. Le prince et Catalina sont-ils frère et sœur ? À vous de voir ! Je vous mets au défi de repérer et de compter toutes les références aux classiques de George Lucas.

Un classique intemporel, une relecture audacieuse

Le Prince, écrit en 1513 par Nicolas Machiavel, est un traité politique offrant des conseils aux souverains pour gouverner efficacement et conserver le pouvoir. L’ouvrage, basé sur l’observation de l’histoire et de la politique italienne de l’époque, est un manuel pragmatique du leadership et du jeu de pouvoir.

Ici, ces notions sont réinterprétées avec une touche de satire et d’irrévérence, rendant le propos accessible à un large public.

Est-ce pour tout le monde ?

Oui ! Mais note aux Français : la pièce n’est pas dans la langue de Molière, mais dans la langue de Falardeau ! Préparez-vous à une immersion 100 % québécoise, avec des références et des expressions bien « Quebs » !

Le Prince de Machiavel,
Le Prince et Lorenzo

Une œuvre brillante et actuelle

Avec Le Prince, le Théâtre du Futur signe une œuvre aussi éclatée et rafraîchissante que pertinente. Une fable politique délirante qui, sous son vernis humoristique, interroge notre époque et ses dérives et vous laissera avec une profonde réflexion sur la situation économique et sociopolitique actuelle, prise dans un cycle de jeu de pouvoir vieux de plus de 500 ans… et qui existera encore dans 500 ans.

Sommes-nous déjà des « associés », gouvernés par des entreprises privées ? Une satire aussi hilarante qu’inquiétante, qui pousse à réfléchir sur les dérives du pouvoir… et notre propre époque.

Le Prince est à l’affiche du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 22 février 2025. Détails et billets par ici.

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