Très attendue en cette rentrée théâtrale, Oslo raconte les négociations secrètes qui ont abouti aux accords d’Oslo en 1993, entre Israël et l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP).
Cette pièce, montée comme un thriller haletant, met en lumière les acteurs de ce moment d’Histoire, qui ont tout risqué pour faire avancer la paix dans le conflit israélo-palestinien. Cette œuvre de J.T Rogers, notamment récipiendaire du prestigieux Tony Award 2017 de la meilleure pièce, est présentée au Théâtre Jean Duceppe du 5 septembre au 13 octobre 2018, avec une mise en scène d’Édith Patenaude.
Oslo : La petite histoire de la grande Histoire
1993. Les négociations officielles pour la résolution du conflit israélo-palestinien menées par les États-Unis sont dans l’impasse. Un couple de diplomates norvégiens, Mona Juul (Isabelle Blais) et Terje Rød-Larsen (Emmanuel Bilodeau), réussit le tour de force de mettre secrètement à la même table, et durant plusieurs mois, des représentants du gouvernement israélien et de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP). Oslo raconte l’histoire vraie (même si romancée pour les besoins de l’œuvre) de ces personnes de l’ombre, qui ont mené à ce moment d’Histoire unique que sont les accords d’Oslo. Et tout cela au péril de leur carrière, et voire même de leurs vies.
Cette pièce est avant tout une manière ludique et artistique de mieux comprendre ce qui s’est joué dans ce manoir norvégien et de prendre la mesure de l’exploit incroyable que ces négociations ont représenté.
Un thriller humaniste
Dans Oslo, tous les ingrédients du bon thriller sont présents. La musique rapide (contrebasse et batterie) ainsi que les échanges rythmés et précis entre les protagonistes nous mettent sous tension constante jusqu’à la fin, bien qu’elle soit connue de tous. On se surprend à passer par tous les états émotionnels vécus par les différents personnages. Ce sens du suspens permet d’illustrer combien ces négociations furent périlleuses et l’aboutissement inespéré.
Malgré la complexité des enjeux, Oslo nous fait réaliser que ce sont bien des êtres humains, comme vous et moi, qui sont derrière ces moments d’Histoire. Loin d’être trop grave, la pièce fait aussi la part belle à des notes d’humour qui nous rendent ce sujet ardu plus accessible. On sourit de l’idéalisme de Terje Rød-Larsen (Emmanuel Bilodeau) qui veut changer le monde, et du côté farfelu des premiers émissaires envoyés par le gouvernement israélien pour négocier.
Sans caricature et bons sentiments, Oslo nous rappelle également que le dialogue et la connaissance de l’autre, dans tout ce qu’il a d’unique, sont les meilleurs moyens de résoudre un conflit.
Une pièce grand public
Le conflit israélo-palestinien est un sujet difficile. L’univers diplomatique peut également paraitre nébuleux, car très éloigné de notre quotidien. Pourtant, Oslo réussit parfaitement à vulgariser tout cela : on en sait juste assez pour garder le fil et être tenu en haleine (la pièce dure tout de même 3 heures, qui passent en un claquement de doigts). On comprend facilement les enjeux, car cette pièce ne se perd pas dans le langage technique des discussions diplomatiques. Une mention spéciale à Isabelle Blais (Mona Juul), qui nous guide par des apartés explicatifs, toujours très clairs.
Aucune prise de parti pour l’un ou l’autre des deux camps. Ce n’est pas non plus un cours magistral sur les enjeux du conflit israélo-palestinien. Oslo met plutôt l’emphase sur le processus de discussion et de rapprochement, entre des êtres humains que tout oppose.
Même si les Accords d’Oslo ont depuis été remis en question, il n’en reste pas moins que les négociations qui les ont vus naitre ont représenté une avancée. Le message derrière Oslo est qu’avec une certaine dose d’utopie et de courage, on peut arriver à changer les choses par le dialogue. Ce sujet universel dépasse la question israélo-palestinienne et peut aisément se généraliser à d’autres conflits.
Je vous conseille vraiment d’aller voir cette pièce pleine d’espoir, pour laquelle j’ai eu coup de cœur.
Oslo
du 5 septembre au 13 octobre 2018
Théâtre Jean Duceppe